Un allié pour les Sourds

Publié le 17 Février 2012
Valérie Schmaltz  RSS Feed


Dossier surdité: l'aventure du magasinage

Ils étaient tous présents ce matin-là. Marcel Champagne et son épouse, Claudette, Nycol Leclerc, Marcel Groulx, Sylvianne Laflamme, Line Laforest, des interprètes ainsi que des représentants de l'APPAL (Association des personnes sourdes avec problèmes auditifs des Laurentides). En ce matin frisquet de décembre, à quelques jours de Noël, le groupe que nous formons n'a rien de particulier a priori.

Sujets :
Ressources humaines de Sears , Place Rosemère

Et pourtant. Plus de la moitié de notre équipée est sourde. Si certains d'entre eux démontrent une aptitude à lire sur les lèvres, tous les bruits inhérents à un centre commercial bondé et hyperactif n'ont pas d'impact sur eux.

S'il est envisageable, pour un Sourd, de magasiner dans un lieu public, est-ce que communiquer ses besoins est une chose aisée pour le non commun des mortels?

Pour les besoins de la cause, et surtout pour mesurer les effets de l'impromptu, de l'inattendu, il nous fallait le voir dans une perspective où la préparation était inexistante, c'est-à-dire nous présenter sans nous annoncer dans différents commerces de la Place Rosemère. La surprise fut de taille.

Première halte: le kiosque de renseignements où Sylvianne Laflamme, une habituée des lieux et membre de l'APPAL, s'informe d'une démarche qu'elle doit faire au sujet d'une carte personnelle. Munis de notre caméra, nous suivons, au loin, la discussion ou plutôt l'échange d'information entre elle et la préposée. Nous notons que Sylvianne se sert rapidement de ses mains pour indiquer à son interlocutrice qu'elle est sourde. La préposée, un peu surprise, réagit néanmoins rapidement. Elle se lève et invite cette dernière à lui écrire ses directives, ses questionnements. Durant plusieurs minutes, nous observons que l'échange entre l'entendante et la sourde se déroule bien. Chacune communiquant à sa façon.

Sears

Le deuxième arrêt fut le magasin Sears de la Place Rosemère. Nos seconds participants, Marcel Champagne et son épouse, Claudette, s'apprêtent à acheter un produit de beauté. Le couple, qui compte 50 ans de mariage, nous convie à pénétrer dans son monde où seuls les mains, les gestes leur permettent de se faire comprendre. En peu de temps, nous sommes interpellés par une vendeuse qui nous questionne. «Que faites-vous?» nous demande-t-elle curieuse.

Nous lui expliquons le but de cette incursion. Elle admet trouver l'idée fantastique et nous parle de gens qu'elle connaît et dont le métier est de s'occuper de personnes handicapées à la fois physiquement et intellectuellement. Une seconde vendeuse se joint à notre groupe. Elle aussi a déjà eu, dans sa clientèle, des gens ayant des problèmes auditifs, confesse-t-elle.

Les achats

Notre attention est attirée à nouveau vers Marcel et Claudette. Tous deux expliquent à une employée au comptoir des cosmétiques qu'ils cherchent une eau de toilette pour Marcel. Cette dernière, nullement intimidée par la surdité de ses clients et de leurs gestes éloquents, s'empresse de leur faire sentir différents arômes. Parvenant à un accord, ils optent finalement pour une fragrance bien masculine.

Puis, c'est maintenant au tour de Marcel Groulx de nous montrer comment il se débrouille pour acheter un vêtement. À ses côtés, un jeune employé en formation. Avec ses mains, Marcel esquisse son besoin; il souhaite un chandail muni d'un col. En dépit de son âge et d'une certaine nervosité parce qu'il se sait filmé, il fait preuve de débrouillardise envers Marcel qui optera pour un tricot à col, de couleur rouge.

La scène qui se déroule sous nos yeux nous démontre que même sans paroles, il est possible de communiquer. Faut-il encore s'ouvrir et y mettre du sien, bien naturellement. Et jusqu'à maintenant, la collaboration a été de mise dans tous les camps.

Prêts à quitter l'endroit, nous sommes arrêtés par la direction du magasin Sears qui réclame quelques petites explications concernant la présence de notre caméra sur les lieux. Sans attendre, nous leur fournissons les informations nécessaires et, subséquemment, les raisons qui nous ont poussés à ne pas nous annoncer au préalable. Compréhensif, le directeur du magasin, Jérémy Chiron, nous confie alors que Sears a toujours encouragé les personnes aux prises avec des problèmes d'audition à venir travailler pour eux.

À ce chapitre, il en profite d'ailleurs pour nous présenter l'une de ses employées, Danielle Leroux (une personne sourde), qui s'affaire à ranger des vêtements à quelques mètres de là!

«Nous invitons les gens de la communauté sourde à venir déposer leur CV chez Sears, car nous encourageons vivement la différence», mentionne Michel Potvin, directeur des ressources humaines de Sears Québec.

La communauté sourde est donc invitée à communiquer (par le biais des services d'un entendant) avec les Ressources humaines de Sears, au 514-335-4753.

SOURCE : http://www.nordinfo.com/Actualites/2012-02-17/article-2898678/Un-al...


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