Un collectif de sourds a manifesté hier pour protester contre le refus de la Région et de l’Agefiph de subventionner une formation dispensée aux personnes sourdes par un centre spécialisé. L’association dénonce une attitude d’«exclusion ».
« Non au chômage», « Stop à la discrimination», « Sourds + sans travail + sans formation = sous-citoyens ».... En brandissant ces banderoles, une cinquantaine de personnes, membres de l’Association des sourds de la Réunion (ASR), ont manifesté hier matin devant la préfecture et l’après-midi à la Région.
« Le système actuel n’encourage pas une vraie autonomie des personnes sourdes dans le cadre de la recherche d’un emploi»; « en matière de formation, les personnes sourdes n’ont aucune possibilité de choix pour s’inscrire à une action de formation adaptée», dénonce l’ASR dans une motion revendiquant le « droit à l’accès des personnes sourdes pour l’emploi et la formation ».
A l’origine de ce mouvement d’humeur, le refus, par l’Agefiph (Association de gestion du fonds pour l’insertion des personnes handicapées) et la Région, de subventionner une « formation qualifiante des animateurs de/en langue sourde » que Deafrun Formation prévoyait de dispenser à dix personnes sourdes.
Monté et dirigé par Pascal Smith, lui-même sourd, cet organisme géré par l’association Les Cascades avait déjà voulu lancer la même formation l’an dernier. À l’époque, six candidats avaient démarché diverses institutions pour demander une prise en charge (à hauteur d’environ 7 000 euros) des frais pédagogiques de leur formation. L’Agefiph avait refusé.
« Cette formation relève d’une action collective pour laquelle l’Agefiph ne peut pas participer au financement individuel de chaque stagiaire», avait-il été expliqué.
Même refus cette année « malgré l’avis favorable de la part de certaines institutions : Plie, ANPE... », indique l’ASR, collectif qui regroupe trois associations : l’Amicale des sourds de l’île de la Réunion (Asir), Objectifs sourds entendants résolus (Oser) et Association des sourds bénédictins (ASB), et qui se présente comme « la seule association qui représente la communauté sourde ».
Parmi les manifestants, hier, figuraient les candidats à la formation concernée. Tous insistaient sur la situation particulière à leur handicap : « 90 % de la population sourde est illettrée ; le taux de chômage chez cette population est de 60%; parmi les sourds, la grande majorité connaît la sous-qualification ».
Deafrun Formation comptait embaucher certains des animateurs en langue des signes française (LSF) qu’elle se proposait de former.
Dans le courrier qu’elle lui a adressé pour annoncer son avis défavorable, la Région signale toutefois que « les personnes actuellement sur le marché du travail (données de Cap Emploi) et ayant des diplômes dans ce domaine ne trouvent pas de débouchés. »
Une réunion « dans les meilleurs délais »
Après avoir été reçue dans la matinée par un membre du cabinet du préfet, une délégation de l’ASR a rencontré, dans l’après-midi, des membres du cabinet et de la direction de la formation professionnelle de la Région.
Au terme de cette rencontre, la collectivité a proposé une réunion « dans les meilleurs délais » avec l’Agefiph et l’ASR « afin d’identifier les besoins en formation ».
Dans un deuxième temps, la Région souhaite dresser avec tous les partenaires concernés « un état des lieux de la situation des sourds et malentendants à la Réunion», afin de « bâtir un plan d’action concerté et cohérent qui permettrait de prendre en compte leurs difficultés et favoriser ainsi l’égalité des chances ».
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