Née de parents sourds: Les mains pour le dire

 

Née de parents sourds, Brigitte Choze a appris la langue des signes avant même de savoir parler. © L. Fleury


Médiatrice de communication en langue des signes, l'Oloronaise Brigitte Choze accompagne les personnes sourdes dans leur quotidien et les aide à mieux appréhender le monde des entendants.

Elle vient de monter son auto-entreprise en tant que médiatrice de communication en langue des signes auprès des personnes sourdes, à Oloron, et propose ses services aux particuliers, auprès des institutions, des hôpitaux, des commissariats de police ou de gendarmerie, des centres de formation ou des entreprises.

« Le rôle de médiateur pour personnes sourdes ne consiste pas simplement à traduire la langue française en langue des signes, explique Brigitte Choze. Chaque mot correspond en effet à un signe, mais la syntaxe et la structure d'une phrase se traduisent dans le positionnement du corps et dans le mouvement. C'est comme cela que l'on situe le présent, le passé ou le futur. Les personnes sourdes ont souvent besoin, lors d'une discussion, que l'on resitue le contexte et qu'on soit là pour expliquer les choses. Il ne s'agit donc pas d'une simple traduction. » Brigitte s'adapte à la personne et à sa manière d'appréhender la langue et le monde entendant.

Tout un monde

Née de parents sourds, elle a appris la langue des signes avant même de savoir parler. Et elle en connaît toutes les subtilités. « Il existe une réelle culture du monde des sourds, poursuit-elle, qui n'est pas celle du monde entendant. La surdité est considérée comme un handicap, alors qu'entre eux, ils communiquent parfaitement. Ils ont un langage très riche, qui leur permet d'échanger aussi bien que nous. » Un peu comme s'ils parlaient une langue étrangère, que personne, ou très peu de monde comprend. Ils sont comme des étrangers en France, au même titre que les Anglais ou les Allemands qui ne parlent pas le français. On apprend ces langues à l'école pour communiquer avec nos voisins européens. Pourquoi ne pas envisager d'enseigner le langage des signes à l'école ? Mais comme toute minorité, c'est à elle de s'adapter à la société.

« L'on tend de plus en plus à appareiller les personnes sourdes pour qu'elles s'intègrent. Mais c'est au risque de leur faire perdre une partie de leur langage et d'appauvrir la richesse de la langue des signes. »

Après avoir assumé, petite, ses parents, sourds, et ses trois frères et soeurs, Brigitte Choze se lance dans l'animation et l'encadrement de structures associatives pour familles, adultes, enfants sourds et entendants. À travers les sports de pleine nature, elle favorise l'intégration et leur enseigne l'acceptation de la différence.

« Un réel besoin »

En parallèle, elle s'oriente dans le médico-social et se fait interprète en langue des signes pour des associations. Elle deviendra ensuite gestionnaire d'établissement médico-social pendant dix ans, avant de s'occuper de l'accompagnement de personnes âgées et de personnes en situation de handicap, pour une association à Pau.

Un licenciement l'amène à prendre conscience de son savoir-faire. Brigitte se décide à exploiter de nouveau la langue des signes, sa langue maternelle. « Il existe un réel besoin, explique-t-elle. Près de 10% de la population française souffre de problèmes d'audition, ils sont plus de 50 000 dans les Pyrénées-Atlantiques. Dans les hôpitaux, les centres de formation, les institutions publiques, les personnes sourdes sont confrontées à des gens qui ne les comprennent pas. J'espère pouvoir combler cette lacune, en répondant aux besoins, au cas par cas. »

Eradiquer les a priori

Elle envisage aussi de proposer des modules d'information et formation de base auprès des institutions, permettant de mieux appréhender le contact avec une personne sourde et favoriser son intégration. « Il ne s'agira pas d'enseigner tout le vocabulaire de la langue des signes, mais simplement les rudiments. »

Brigitte Choze entend bien créer une réelle passerelle entre le monde des sourds et le monde des entendants. Pour favoriser le « mieux vivre ensemble » et éradiquer une bonne fois pour toutes les a priori de la différence.

Source: La République des Pyrénées

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