SOURCE: Extrait de la préface de Henri-Jacques Stiker, Livre Ma culture, c'est les mains, Université Laval (Le journal de la communauté universitaire, Renée Larochelle), Les Presses de l'Université Laval (
http://www.pulaval.com/contact.html), Centre d'information sur la surdité (DRASS/CIS aquitaine) (
http://www.cis.gouv.fr/spip.php?article3193)
Ma culture, c'est les mains
Le présent ouvrage vise à comprendre ce qui pousse certains individus à braver les euphémismes et à affirmer fièrement "Je suis sourd" afin de dire leur différence.
Cette affirmation identitaire fait entrer dans l'Histoire une nouvelle façon de considérer la différence corporelle de ces personnes qui tentent de se définir à partir d'une culture spécifique plutôt que selon une particularité strictement biologique.
La culture des mains, pour reprendre le titre suggestif de Charles Gaucher, qui est déploiement dans le visuel, possède la légèreté de la danse et la plasticité du geste. Il serait contradictoire d'en faire le symbole d'une fixité et d'un repli sur soi.
Qui est Charles Gaucher?
Dans la famille de Charles Gaucher, personne n'est sourd.
S'il a décidé d'apprendre la langue des signes, c'est d'abord parce-qu'il ressentait une attirance particulière pour elle. Il se plait d'ailleurs à dire que se seconde langue après le français, c'est la langue des signes.
Tout a commencé il y a cinq ans, à l'occasion d'un stage de formation pratique à l'Institut de réadaptation en déficience physique de Québec (IRDPQ), lors de ses études de baccalauréat en Anthropologie.
"J'ai été frappé par la beauté de cette langue, toute en poésie et en métaphores, qui mobilisait tout le corps, dit-il. Je trouvais cela très exotique."
Charles Gaucher a soutenu une thèse de doctorat ayant pour titre "L'anthropologie sourde au Québec: Ma culture, c'est les mains."
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http://www.cis.gouv.fr/spip.php?article3193
Table des matières :
Chapitre I
Introduction : l’identité sourde comme source de questionnements anthropologiques
1. Une expérience qui marque
2. De la préexistence du social à la possibilité de changement
3. L’ère des identités
4. La figure identitaire du Sourd n’est-elle qu’une allégorie différentialiste ?
5. Le modèle culturel face à l’identité sourde
6. La figure identitaire du Sourd joue-t-elle un rôle de référent important dans l’expérience des personnes sourdes qui utilisent une langue signée ?
7. Établir un lien de confiance
Chapitre II
Une quête des origines : ancrage historique et contextuel de la figure identitaire du Sourd
1. Dire l’identité sourde
2. Éduquer les sourds-muets : l’école de l’abbé de l’Épée
3. La naissance et la chute du « peuple sourd-muet »
4. Le congrès de Milan
4.1 Rendre parlants ceux qui n’entendent pas
4.2 Le corps sourd investi
5. Rupture historique et production contemporaine de l’identité sourde
5.1 La rupture au Québec
5.2 Cohabitation des structures éducatives et associatives québécoises : de l’importance de la démutisation au Cercle de Saint-François de Sales
6. L’émergence de la figure identitaire du Sourd
6.1 L’américanisation des revendications identitaires sourdes : la naissance du différentialisme sourd
6.2 De l’essentialisation à la personnalisation de la figure du Sourd
6.3 Une rupture paradoxale
7. De la communauté sourde
Chapitre III
Mise en récit de l’identité sourde : dire et vivre l’expérience sourde
1. Par delà la dualité Sourd/sourd
2. Les fondements expérientiels de l’identité sourde : la dyade Sourd/entendant
2.1 Être Sourd
2.1.1 L’avènement de la surdité comme état permanent
2.1.2 Devenir ou découvrir qu’on est Sourd
2.1.3 S’approprier le corps sourd
2.1.4 « Je suis fier d’être Sourd ! »
2.2 Confronter sa différence
2.2.1 Seul, à l’autre au bout de la table : apprendre à être différent au sein de la famille
2.2.2 La communication dans la famille
2.3 Vivre la différence au quotidien
2.3.1 Égalité et différence
2.3.2 Ouverture et fermeture
2.3.3 Confiance et compétence
2.4 S’impliquer avec des entendants
2.5 E st-ce possible d’avoir des amis entendants ?
2.6 La difficile « exogamie »
2.7 Des liens fragiles et fondamentaux entrent les Sourds et les entendants
3. L’ancrage collectif de la différence sourde : la dichotomie monde sourd/monde entendant
3.1 Découvrir la communauté sourde
3.2 Du réseau associatif au « Deaf World »
3.3 De la communication au conflit
3.4 « La communauté sourde, ça m’appartient »
3.4.1 Proximité : une même langue, une même famille
3.4.2 Distance : trop proche, trop de commérage
3.5 La communauté sourde : lieu d’aisance et de tension
4 Le corps culturel : la rupture comme mise à distance
4.1 La langue des signes
4.1.1 « J’avais la tête vide »
4.1.2 La langue des signes à l’école
4.1.3 Une langue visuelle et visible
4.1.4 Le français signé comme miroir
4.1.5 Forcer sa voix
4.2 La culture sourde contre l’intégration à tout prix
4.2.1 La question de la transmission
4.2.2 Culture des mains et langue sourde
4.3 Une culture différente… comme les autres
5. Retour sur la mise en récit de l’identité sourde
Chapitre IV
La figure du Sourd : authenticité, oppression et culture
1. De la mise en récit à l’articulation théorique
2. Les fondements de l’identité sourde : de l’Épée, premier entendant
2.1 Le mythe d’origine
2.2 Une différence fondatrice
3. Un monde différent : l’invention de « l’oppression entendante »
3.1 La résistance sourde
3.2 La communauté sourde
3.3 Une communauté distinctive
4. Une culture différentialiste : l’incorporation de la langue des signes comme force normative et émancipatrice
4.1 Les Deaf Studies et la naturalité des langues signées
4.2 De l’universalisme au particularisme
4.3 L’ancrage dans le corps de la différence sourde
4.4 L’indiscutable différence : la rupture entre la culture sourde et les autres cultures
5. Être Sourd, être différent
5.1 La figure référentielle du Sourd comme fondement des revendications identitaires sourdes
5.2 La figure référentielle du Sourd comme fondement de l’expérience des personnes
6. La figure identitaire du Sourd
Chapitre V
Conclusion : la figure identitaire du Sourd est-elle une zone de dialogue du « vivre ensemble » ?
1. Une identité paradoxale dans le tumulte pluraliste
2. Un triptyque identitaire : la figure du Sourd et ses icônes de mise à distance
3. La figure du Sourd peut-elle être l’expression d’un « vivre ensemble » québécois ?
3.1 Du handicap à la culture sourde
3.2 Les Sourds sont-ils des corps différents ?
4. Le dialogue contre l’indifférence
Annexe
Processus de production du handicap : modèle explicatif des causes et conséquences des maladies, traumatismes et autres atteintes à l’intégrité ou au développement de la personne
Illustrations
Illustration 1 – « Sourd »
Illustration 2 – « L’homme-perroquet »
Illustration 3 – « Implant cochléaire »
Illustration 4 – « Compétent »
Illustration 5 – « Ami fort »
Illustration 6 – « Deaf-world »
Illustration 7 – « Signes »
Illustration 8 – « Pur sourd »
Illustration 9 – « Sourd fort »
Illustration 10 – « Sourd comme du bois »
Illustration 11 – « Sourd profond »
Bibliographie
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