L'énergie et la détermination de cette femme sourde depuis la naissance se ressentent dès les premiers instants en sa compagnie. Afin de bien comprendre ce qu'elle avait à nous communiquer, l'entrevue a été réalisée en collaboration avec l'interprète Nicole Nadeau.
Mme Dulude est très active auprès de la communauté sourde et malentendante. En effet, elle porte plusieurs chapeaux. Elle est, entre autre, chargée de cours à l'UQAM au certificat en interprétation visuelle, membre du conseil d'administration de la Société canadienne des sourds et vice-présidente de la Maison des femmes sourdes de Montréal.
« Les gens me demandent s'il m'arrive de me reposer! Je leur réponds que oui, mais je suis têtue et je sais ce que je veux », raconte-t-elle.
En plus de tout ça, elle possède aussi une compagnie d'interprétation des langages des signes, TraduSigne, qui offre des services de formation, de consultation et d'évaluation. Elle dirige donc une vingtaine d'interprètes qui travaillent sur différents contrats.
« Au début, c'était un homme sourd qui possédait cette compagnie et je travaillais pour lui. Il a décidé d'aller vivre en Californie et les employés ont commencé à se référer à moi », explique-t-elle.
Elle a notamment profité d'un congé pour participer au programme de l'Action des femmes handicapées de Montréal, « Ensemble, osons entreprendre », pour développer son entrepreneurship.
Pas qu'une seule langue des signes
Ce que Mme Dulude s'évertue à faire comprendre à la population, c'est qu'il existe plusieurs langues des signes.
À preuve, cette dernière maîtrise trois langues des signes dont l'anglais, qu'elle enseigne aux élèves du secteur des sourds de l'école secondaire Lucien-Pagé.
« Ce n'est pas juste un outil de communication. Et il n'y a pas une langue universelle », précise-t-elle.
La LSQ comporte donc ses propres signes, qui peuvent même être très différents de ceux de la langue des signes française.
C'est pourquoi Mme Dulude milite au sein de la communauté sourde pour faire valoir la reconnaissance officielle de la LSQ.
Sur la scène politique, les appuis sont bien peu nombreux. Sur les 125 députés à l'Assemblée nationale, seulement la ministre responsable des Aînés, Marguerite Blais et l'adjoint parlementaire au ministre, Alain Paquet, font des représentations pour faire avancer la cause, indique-t-elle.
Besoin de nouveaux interprètes
Mme Dulude estime que les interprètes manquent à l'appel au Québec. En effet, il n'y aura que quelque 300 interprètes au Québec pour desservir la communauté sourde et malentendante, composée d'environ 7500 personnes.
Ce nombre restreint d'interprètes rend difficile l'offre de services pour améliorer la communication des personnes sourdes. L'Association des sourds du Canada fait actuellement des pressions au Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) pour qu'un service de relais vidéo (SRV) national, comprenant la LSQ et la langue des signes américaine, puisse voir le jour en 2013.
Par ailleurs, Mme Dulude aimerait aussi que plus de services d'interprètes soient offerts pour rendre accessible des activités culturelles, telles que des pièces de théâtre. Actuellement, il n'y a que la troupe de théâtre Interface qui adapte certaines pièces dans la LSQ. Des « artistes-traducteurs » doivent traduire et reproduire les mêmes gestes que leurs homologues comédiens.
C'est pourquoi Mme Dulude encourage les personnes entendantes à devenir interprètes, malgré toutes les appréhensions qu'elles peuvent avoir.
La femme de 36 ans est aussi mère de deux petites filles dont l'une est sourde. Elle espère donc lui offrir ce qu'il y a de mieux pour son avenir.
« Personnellement, je suis très confortable avec mon handicap. Mais je veux plus pour ma fille », soutient-elle.
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