En entrevue téléphonique, elle se questionne encore à savoir pourquoi la communauté sourde est ignorée et rappelle que les problèmes auditifs demeurent un handicap invisible. «La surdité ne se voit pas. On ne comprend donc pas la dynamique de la communauté gestuelle. Comment y remédier? En optant pour une grande mobilisation», souligne-t-elle.
Avec quelque 140 langues gestuelles en usage dans le monde, la ministre responsable des Aînés rejette l'argument des coûts exorbitants pour justifier l'incapacité de traduire régulièrement en LSQ (langue des signes québécoise). La reconnaissance de cette langue doit être réglée au Québec, pense-t-elle. «L'implication des scientifiques dans ce dossier s'avère primordiale pour démontrer l'importance de la langue gestuelle chez les Sourds. Le discours ne doit pas être émotif, mais bien appuyé par des recherches», soutient Marguerite Blais.
Si, à une certaine époque, les personnes sourdes détenaient un métier, une profession, la désinstitutionnalisation a joué un rôle majeur dans leur quotidien. Ce mouvement, qui se voulait avant tout une philosophie sur les droits et libertés des individus, tout en favorisant des structures différentes d'encadrement, a cependant entraîné un décrochage important chez les Sourds en les ostracisant davantage.
«Lorsqu'une personne sourde est instruite, on ne voit pas son handicap. Bien que capable de travailler dans le monde des entendants, cette personne sera-t-elle acceptée avec sa surdité?» questionne Mme Blais. Peut-être pas, puisque la ministre constate qu'une forme d'isolement persiste au détriment de ces diplômés que l'on voit souvent œuvrer en recherche, donc en retrait du monde.
1994
C'est en 1994 que Marguerite Blais découvre le vrai visage de la communauté sourde. Décidant de prendre des cours de «gestes», cette dernière entre en contact véritable avec des Sourds de naissance ou d'autres qui le sont devenus en raison d'une maladie ou de la vieillesse. Toutes les particularités de la surdité lui sont alors révélées.
«Vous savez, il n'y a rien qu'on n'a pas fait aux Sourds, jusqu'à leur taper sur la tête ou encore les frapper pour réparer leur oreille «brisée», toujours au nom de la normalisation. Cette blessure s'inscrit dans leur histoire au même titre que les Premières Nations. Les Sourds doivent donc se mobiliser et s'élever d'une même et unique voix s'ils souhaitent un changement profond», dit-elle.
Ainsi, chaque papier écrit, chaque manifestation sera un pas de plus. «La seule chose qui nous différencie, c'est l'ouïe. Les entendants ont peut-être des oreilles, mais ils n'entendent pas tout le temps», de conclure la ministre responsable des Aînés.
SOURCE : http://www.nordinfo.com/Actualites/2012-03-16/article-2929148/%26la...
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