Paradoxe: de nombreuses personnes handicapées ne pourront aller voir «Intouchables» au cinéma. Tous les établissements ne sont en effet pas accessibles ou ne le sont qu'imparfaitement.
«On ressent un mieux mais les choses ne se mettent en place que petit à petit», souligneThierry Duval, directeur de l'Association des paralysés de France du Finistère.
Comme tout un chacun
De fait, les salles des multiplexes et cinémas récents ou rénovés sont globalement accessibles aux personnes en fauteuil roulant. Mais, elles le sont plus ou moins facilement. De plus, toutes les salles accessibles ne disposent pas d'emplacements réservés aux fauteuils. Et quand c'est le cas, ces emplacements n'offrent pas toujours des conditions de confort et de visibilité idéales. «Se retrouver devant, à quatre mètres de l'écran, dans un coin où il faut se tordre le coup ou au milieu d'une travée, n'a rien d'agréable», estime Thierry Dupart. «Ce qu'on souhaite, c'est que l'accès au cinéma soit facilité et aussi simple que pour tout un chacun; que la personne handicapée ne soit pas obligée de se signaler, d'appeler 48heures à l'avance et que la prestation soit identique. Tant pour la visibilité que pour la possibilité de voir un film au milieu de ses copains ou de sa famille et non pas à l'écart».
Des boucles magnétiques
Ce souhait est encore plus loin de pouvoir se réaliser en matière d'accessibilité sensorielle. Peu de cinémas sont équipés de boucles à induction magnétiques (pour transmettre le son dans les appareils auditifs) pour les malentendants et rares sont les films complètement sous-titrés (dialogues et indications sur les sons, la musique) sur écran ou sur tablette individuelle, pour les sourds. Quant au système d'audiovision-insertion dans la bande sonore, entre les dialogues, des descriptions sonores de l'ambiance visuelle et de l'action du film-destiné aux personnes aveugles, il est quasiment inexistant, car coûteux et complexe.
Difficile dans l'ancien
Cette question de l'accessibilité est encore plus cruciale dans les anciens cinémas. Si des aménagements sont parfois possibles, ce n'est pas toujours le cas. Ainsi à Dinard (35) où Claude Lagrée, qui exploite aussi un multisalles récent - et accessible - à Dinan (22), se trouve face à un problème insoluble. «Si j'installais, par exemple, un élévateur, cela prendrait sur la surface pour la sortie et je ne serais plus dans les normes... Le cinéma étant un des loisirs les plus prisés du public, mon souci est de faire en sorte que tout le monde puisse en profiter pleinement. À Dinan, nous expérimentons ainsi des séances avec films sous-titrés pour malentendants. Mais à Dinard, je ne peux pas le faire». Dans cet ancien immeuble, où les salles ne sont accessibles que par deux escaliers (extérieur et intérieur), il faudrait, de fait, tout casser ou... fermer le cinéma. «Je fais des pieds et des mains pour qu'on construise un nouvel établissement. Mais encore faudrait-il que je trouve un terrain. ÀDinard, c'est très difficile...».
2015 date butoir
En tout état de cause, la loi de février2005 a fixé 2015 comme date butoir pour l'accessibilité dans tous les bâtiments recevant du public, sous peine d'amende. Les associations de personnes handicapées doutent que cette obligation soit totalement respectée à cette date, la loi prévoyant des dérogations (notamment pour les bâtiments classés). En attendant, Tudwal, jeune Morlaisien de 25 ans, ira voir «Intouchables» au cinéma de Saint-Pol-de-Léon (29) où «il y a des emplacements spécifiques. On sent un mieux côté équipements et regard des gens. Il y a quelques années, un exploitant de cinéma avait refusé de me porter avec mon fauteuil; trop lourd... Aujourd'hui, les gens font plus attention et aident si besoin».
Hervé Queillé
SOURCE : http://www.letelegramme.com/ig/generales/regions/cotesarmor/handica...
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