Clémentine Ngambo Lame
La consultation prénatale joue un rôle essentiel dans la lutte contre la mortalité maternelle pour s'assurer que le bébé se développe correctement et que la mère est en bonne santé.Entre 2010 et 2019, le pourcentage de femmes ayant effectué au moins quatre consultations prénatales était en moyenne de 60,5 % en Afrique selon le bureau Afrique de l’organisation mondiale de la santé.
Il est évident que pour ce qui est des femmes enceintes sourdes, le pourcentage de consultations prénatales est inférieur à celui des femmes entendantes. En Afrique en général, et en République démocratique du Congo (RDC) en particulier, une grande partie des femmes enceintes sourdes n’effectuent pas le nombre maximal de consultations prénatales par manque notamment de moyens financiers et d’interprètes en langues de signes dans les hôpitaux.
Si la RDC qui expérimente depuis le 5 septembre 2023, un programme de gratuité des accouchements dans la ville de Kinshasa a pris une bonne option à travers cette prise en charge des coûts liés à l’accouchement, le pays est loin de satisfaire au besoin de l’accès de l’information des femmes enceintes sourdes.
Clémentine Ngambo Lame est enceinte de son 2eme enfant. Elle dit comprendre difficilement les conseils des médecins et infirmiers.
« Je suis enceinte mais je ne profite pas des conseils des infirmières pendant les séances de consultations prénatales puisque j’y participe sans interprète. Je voudrais savoir comment dormir (en tant qu’une femme enceinte), que faut-il boire ou manger, comment protéger le bébé, mais c’est difficile de le savoir.» - Clémentine Ngambo
Clémentine Ngambo pense qu’une meilleure communication entre le personnel médical et les femmes enceintes sourdes contribue à réduire les risques liés à la grossesse. En 2022, la République démocratique du Congo a enregistré 6 995 décès maternels, tandis que le taux de mortalité maternelle était estimé à 547 pour 100 000 naissances vivantes en 2020. « Nous avons besoin de soutien pour profiter d’une bonne santé comme c’est le cas avec les entendants. Notre santé en dépend », supplie-t-elle.
Natacha, également sourde, abonde dans le même sens que Mme Ngambo.
« Quand je me rends à l’hôpital, je salue les gens, ils me regardent sans rien comprendre parce qu’ils ne connaissent pas la langue des signes. Quand je me plaint de maux de tête ou de maux de ventre, il arrive qu’on me prescrive des médicaments qui n’ont rien à avoir avec mes peines.» – Natacha
Émérence Kabamba Ndala explique que la communauté sourde enregistre nombreux décès dus souvent par les difficultés qu’éprouvent les sourds à recevoir des soins de santé dans la langue qu’ils maîtrisent. « Nous les sourds nous mourrons beaucoup, c’est difficile de bien nous faire soigner sans le concours des interprètes », indique-t-elle.
Madame Ngambo réclame le service des interprètes en langue de signes. « Moi-même je dois chercher une amie interprète pour m’accompagner à l’hôpital et je dois payer ses frais de transport, au cas contraire j’y vais seule. S’il vous plaît, nous demandons des interprètes dans les hôpitaux et centres de santé,» dit-elle.
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