« Qu’importe la surdité de l’oreille quand l’esprit entend »

Ce sont sur ces sages mots que le grand Victor Hugo (artiste, écrivain, politicien, poète et romancier français du XIXe siècle) parle d’un handicap auditif, mais qui, selon lui, peut être surmonté par un esprit avisé.

Pouvoir entendre et parler, se servir de ses oreilles et de sa bouche sont deux critères primordiaux dans toute pratique d’une langue. Or, que se passe-t-il quand la surdité et le mutisme apparaissent ? Se débrouiller d’une autre façon, avec la langue des signes notamment.

Et comment l’apprendre, de façon ludique, afin de mieux communiquer avec les autres ? C’est le pari un peu fou que s’est lancé une association en créant le jeu « Dites-le en langue des signes », une idée différente qui pourrait vous séduire !

La langue des signes

Avant de partir dans le vif du sujet, revenons un peu sur cette langue à part, qui pourtant est aussi riche et complexe que n’importe quelle autre langue « traditionnelle ».

Elle serait aussi vieille que l’humanité puisque celle-ci a toujours ressenti le besoin de communiquer que ce soit par des signes, des sons, des expressions faciales ou des mots. Bien avant l’apparition des premiers alphabets, que le locuteur soit entendant ou malentendant, ce système langagier a donc été d’usage, mais son enseignement n’a réellement débuté qu’au XVIe siècle avec Pedro Ponce de Leon, un moine bénédictin espagnol considéré comme le premier « professeur pour les sourds ».

Bien qu’il existe une langue des signes internationale (LSI), elle n’est cependant pas exclusive ! Eh oui, surprise ! Par exemple, un malentendant Français ne pourra pas forcément communiquer avec un autre malentendant Anglais. En effet, il y a « autant de langues des signes que de communautés différentes de sourds, chaque langue des signes ayant son histoire, ses unités signifiantes et son lexique » (Wikipedia).

Le projet

En 2014, après plusieurs mois de réflexion et de développement, sortait le jeu «Dites-le en langue des signes», imaginé par l’association Signes de sens, de Lille, dans le Nord de la France.

Son objectif ? Permettre à chacun de découvrir et d’apprendre, tout en s’amusant, la langue des signes. Comme le précise bien Simon Houriez, directeur et concepteur du projet, sur leur site,

« Il y a peu d’outils pour informer les entendants ou pour les aider à découvrir cette langue, ou alors ces outils sont contraignants et ne correspondent pas forcément aux besoins. À travers ce jeu, nous souhaitons sensibiliser un maximum de personnes à la langue des signes et créer du lien entre sourds et entendants. »

Le jeu

Présenté sous la forme d’un jeu de 100 cartes , ce jeu est associé à l’application Elix, dictionnaire vivant en langue des signes, et a remporté en 2014 les Trophées Norsys qui récompensent les projets innovants permettant de faciliter l’accès à la connaissance pour mieux vivre.

Le but du jeu est simple : gagner la partie, en constituant une mémoire de 10 cartes « signes », tout en s’enrichissant de la langue des signes.

Il y a 4 couleurs de cartes : violette, verte, rouge et orange et bleue

• Les cartes violettes (13) sont les cartes spéciales qui changent le sens du jeu ou donnent des avantages (piocher des cartes, les échanger avec ses partenaires…);
• Les cartes rouges (27) sont les cartes d’attaque;
• Les cartes vertes (9) sont les cartes de défense qui permettent de répondre aux cartes d’attaques;
• Les cartes orange et bleues (50) sont les cartes de signes. Elles représentent chacune un mot et son signe, dessiné.

Le joueur a 2 défis possibles : faire trouver à l’autre ce qu’il montre en signes ou donner le mot et demander à l’autre de faire le signe. Ici, dans les deux cas, on peut tester sa capacité à reconnaître ou à retenir un signe. Si le défi est relevé, le gagnant empoche la carte « signe » en question et constitue une partie de sa mémoire (10 au total à récupérer). Si le défi n’est pas relevé, vous gardez vous-même la carte qui sert à votre propre mémoire.

On fait une partie ?

Pas de panique si vous n’y connaissez rien ! Le but est d’apprendre, oui, mais aussi et surtout de s’amuser.

De plus, vous pouvez utiliser à tout moment l’application Elix (en ligne sur le site officiel ou directement à télécharger sur votre téléphone intelligent ou tablette) pour vous venir en aide. Chaque partie dure environ 30 minutes et se joue entre 2 à 5 personnes.

Mélangez toutes les cartes et distribuez-en 5 à chaque joueur, le reste constitue la pioche.
C’est un jeu au tour par tour (sauf indication contraire), chacun pioche donc 1 carte et peut immédiatement en poser entre 1 et 3 à un seul ou différents joueurs. Il peut déposer des cartes d’attaques, spéciales ou de signes. Le joueur doit toujours avoir 5 cartes en main. Il doit donc s’arranger pour en déposer ou en récupérer un nombre suffisant (soit en piocher d’autres, soit les déposer dans la défausse). À noter que la « mémoire » de chaque joueur est posée devant lui.
Dès qu’un joueur atteint 10 cartes dans sa mémoire, il gagne la partie.

Finalement…

Ce jeu se démarque par son originalité; en effet, on aimera apprendre l’anglais, l’espagnol, le mandarin… mais pas la langue des signes forcément… et c’est bien dommage, car outre son intérêt culturel, elle offre surtout un bien-être personnel pour mieux communiquer avec les personnes atteintes de surdité ou de mutisme.

En plus, c’est une langue à part entière qui combine également l’importance de l’expression du visage et de tout le corps. On peut y jouer entre adultes, mais aussi en famille, avec les enfants ; c’est un jeu très accessible et qui sort de l’ordinaire et qui vous permettra d’apprendre tout en vous amusant.

Pour en savoir plus : cliquez sur ce lien

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