Avec le succès d'Intouchables, douze ans après Le huitième jour, le handicap s'impose sur grand écran. Mais la personne handicapée reste peu présente, tant dans les salles que parmi les acteurs.

Pourtant « qui peut mieux jouer le rôle d'un sourd qu'un sourd ? », interroge Sophie Vouzelaud. Une situation vécue au quotidien par cette comédienne, sourde, s'exprimant en langage des signes. Elle avait ému la France - et surtout contribué à l'appréhension positive des handicaps - en devenant première dauphine de Miss France, en 2006.

Sophie Vouzelaud est la marraine du premier festival Un autre regard, d'aujourd'hui à samedi, à Saint-Gilles-Croix-de-Vie, en Vendée. Nîmes ou Lyon ont déjà un rendez-vous sur ce thème. Mais à Saint-Gilles, le projet, monté par l'association Retour d'image, est porté par deux ministères : la Culture et la Cohésion sociale.

Des salles accessibles

« Il y a dans notre pays, sur la question du handicap, une marge de progression considérable », confie Frédéric Mitterrand. Le ministre cinéphile est persuadé que « le cinéma peut beaucoup faire pour changer le regard de chacun ». Il parle d'une « programmation prometteuse ».

La monteuse et cinéaste documentariste Diane Maroger, elle-même de très petite taille, dirige l'association Retour d'image, créée en 2003 lors de l'Année européenne des personnes handicapées. Elle explique qu'il s'agit durant trois jours de « partager des émotions tout en réfléchissant aux questions de l'accessibilité et des représentations sur le handicap ». Car la salle de projection reste inadaptée à l'usage des handicapés. « Or les sensibilités du cinéma sont perceptibles de multiples façons, même par quelqu'un qui ne voit pas ou n'entend pas... »

Accessibilité des salles, mais aussi fabrication des films en audiovision et autres techniques adaptées, reconnaissance de talents pour des acteurs handicapés. Autant de thèmes qui seront abordés demain par des exploitants de salles, des cinéastes, des monteurs, des acteurs...

L'ambition de Diane Maroger consiste à « faire venir les cinéphiles et aussi les professionnels qui vont réfléchir à l'accessibilité de tous au cinéma », par toutes les entrées.

Au programme, des documentaires comme Du silence à la lumière de Tessa Racine, qui retrace le parcours de Sophie Vouzelaud. Des longs-métrages, dont Hasta la Vista, du Belge Geoffrey Enthoven, qui raconte l'histoire de handicapés en route pour l'Espagne pour aller voir des prostituées. Ou encore un film consacré au pianiste de jazz Michel Petrucciani, atteint de la maladie des os de verre...

Deux prix seront décernés pour la clôture, choisis par le public pour un long-métrage et un court-métrage.