Le Lot manque de personnes pratiquant la langue des signes, afin d'accompagner les enfants sourds en milieu scolaire, ou pour les lycéens souhaitant la prendre en option au bac. Des cours pour «signant» sont prévus par l'association «Sourd, pas dingue».
«Je suis sourde. Je peux vous apprendre la langue des signes. 10 € pour deux heures». Quelques lignes sur le site «Le Bon Coin». Elles émanent de Leisse Lafille, 18 ans, sourde de naissance.
Leisse a pâti d'un manque d'accompagnement des personnes sourdes dans le Lot, qui l'a contrainte à suivre son cursus scolaire à Ramonville-Saint-Agne (31).
Leisse et sa maman Sylvie se sont battues de longues années avant de pouvoir faire en sorte que Leisse puisse suivre des études à Cahors.
«La loi de 2005 prévoit un accompagnement mais on manque de «signants» ou «signantes», c'est-à-dire des personnes pratiquant la langue des signes. Ce sont des interfaces de liaison diplômées dont le tarif est de 65 € de l'heure. En théorie, le rectorat débloque un budget de 10 000 € et la maison départementale des personnes handicapées 5 000€. En 2010, j'ai essuyé un refus du rectorat et de l'académie, en raison de la pénurie de signants. Je suis allée au ministère de l'éducation Nationale où le délégué ministériel chargé du handicap a débloqué la situation pour l'année 2011-2012 : nous avons eu une interface de liaison qui venait deux jours par semaines à mi-temps depuis Paris. Le reste du temps, nous avons obtenu un auxiliaire de vie scolaire signant (20 heures par semaine) qui vient de Toulouse à ses frais», explique Sylvie Lafille qui a créé l'association «Sourd, pas dingue» en 2011 (lire encadré).
«Cette association vise à aider les parents à trouver des interfaces de liaison. Nous en avons trouvé une à Nantes, pour accompagner une jeune fille au lycée agricole de Figeac, lycée qui prend entièrement en charge les coûts d'accompagnement puisque dépendant du ministère de l'Agriculture et non de l'éducation nationale».
Leisse vient d'obtenir un CAP de photographie dans un lycée de Cahors où elle entend maintenant décrocher son bac cette année.
Avec le constat que de plus en plus de jeunes souhaitent apprendre la langue des signes. «Au début la classe de Leisse a commencé à apprendre puis il est resté un noyau de 7 personnes motivées pour continuer. De plus en plus de jeunes, n'ayant pas forcément quelqu'un de sourd dans leur entourage, veulent prendre la langue des signes en option au bac».
Pour décrocher de précieux points supplémentaires qui peuvent in fine faire la différence au moment des résultats…
C'est le cas d'Anaïs, 18 ans, au lycée hôtelier de Souillac : «Je suis voisine de Leisse. J'ai commencé à apprendre avec elle la langue des signes. C'est un plus car je vais travailler en restauration où je serai amenée à recevoir des personnes sourdes. Du coup, je vais prendre la langue des signes en option au bac pro. Mais il n'y a pas de signants au lycée. C'est Leisse qui me donne des cours. C'est assez facile à apprendre : il faut parler en images… À terme, j'espère travailler à mi-temps en restauration et à mi-temps comme interface de liaison», conclut la jeune femme.
Présidée par Marc Honnin (Élisabeth Cinqpeyre secrétaire et Dominique Guerre trésorier), l'association «Sourd, pas dingue» aide les parents d'enfants sourds à trouver des accompagnements scolaires. Constatant un manque de signants et d'interfaces de liaison, et une demande croissante, des cours de langue des signes seront donnés à compter de septembre, à la maison des associations de Cahors. Tarif en fonction ou non de l'adhésion à l'association. Contact : 06 06 43 49 77 (Sylvie Lafille) ou par SMS au 06 04 47 05 35 (Leisse Lafille).
Bernard-Hugues Saint-Paul
SOURCE : http://www.ladepeche.fr/article/2012/08/20/1421879-signes-la-langue...
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