| • SÉRIE D'ÉTÉÀ LA DÉCOUVERTE D'HUMANICITÉ (4 | Avec 1 600 habitants attendus d'ici deux ans, Humanicité, à la limite de Lomme et de Capinghem, est bien plus qu'un programme immobilier. C'est une cité du futur idéale. L'hôpital Saint-Philibert, en bordure de ce nouveau lieu de vie, est le référant du Réseau sourds et santé pour tous les sourds du Nord - Pas-de-Calais. Et, à Humanicité même, se bâtissent le premier EHPAD pour les sourds âgés et des logements médico-sociaux adaptés. Rencontre, à Saint-Philibert, avec le Dr Benoît Drion, coordinateur du Réseau.

PROPOS RECUEILLIS PAR ISABELLE ELLENDER

lambersart@lavoixdunord.fr PHOTOS PATRICK JAMES

- Vous coordonnez le Réseau sourds et santé Nord-Pas-de-Calais, l'un des quatorze qui existent en France. À quoi sert-il ?

« Un enfant sur 1 000 naît sourd ; les sourds de naissance sont environ 4 000 dans notre région. Depuis sa création en 2002, le Réseau sourds et santé permet à ceux qui parlent la langue des signes un meilleur accès aux soins. Le réseau, ce sont 33 professionnels (médecins, psychologues, travailleurs sociaux, secrétaires, interprètes, etc. ) qui assurent des consultations, un accompagnement social, un suivi médical ou psychologique. Mais cela va plus loin : le réseau permet l'accès aux soins en langue des signes chez tous les professionnels de santé du Nord - Pas-de-Calais (public, privé, libéral, etc. ). » - Concrètement, cela marche comment ?

« Les hôpitaux Saint-Philibert et Saint-Vincent, de l'Université catholique de Lille, gèrent les rendez-vous sur toute la région. Soin et santé assure également des permanences à Arras, Dunkerque et Valenciennes. Et il sert aussi d'interface entre la personne sourde qui veut consulter un médecin, un professionnel de son choix, et le médecin en question : nous sommes formés pour comprendre leur demande (fax en français difficilement compréhensible pour un non-initié, langue des signes) ; nous pouvons envoyer un interprète qualifié le jour de la consultation. Fin 2010, près de 1600 sourds étaient membres du réseau. » - En quoi l'interprète professionnel est-il nécessaire ?

« Il permet une meilleure communication entre le professionnel et le patient. Par rapport à un proche du malade qui servirait d'interprète, il est plus fiable, neutre, fidèle aux propos tenus. Sa présence garantit le secret médical, respecte l'autonomie du patient. Un patient aux difficultés spécifiques, notamment parce qu'il est souvent en manque d'informations. Des informations qui, pour lui être transmises, doivent prendre en compte leur représentation particulière. » - La difficulté à communiquer entre entendants et sourds dépasse donc un simple problème de langue ? Le réel n'est pas perçu de la même manière ?

« Du fait de leur surdité de naissance, les sourds sont privés depuis toujours d'informations que nous avons acquises sans même nous en rendre compte. En matière de santé par exemple, ils ont des perceptions faussées, parce que chez eux le visuel prime sur le reste, et que cela peut entraîner des malentendus. Leurs difficultés ne sont pas seulement linguistiques, elles sont aussi culturelles. D'où la nécessité d'hébergements adaptés. » ( lire ci-dessous)  •  

www.sourds-sante.fr

SOURCE : http://www.lavoixdunord.fr/region/a-saint-philibert-le-reseau-sourd...