“L'été de Giacomo”, la venue au monde tout en finesse d'un adolescent sourd

Interview | Avant sa sortie en salle, Arte diffuse ce film d'une grâce infinie, à la croisée de la fiction et du documentaire. Il révèle le talent d'Alessandro Comodin, réalisateur italien.

Le 25/06/2012 à 00h00 - Mis à jour le 26/06/2012 à 12h52
François Ekchajzer



Distingué par un Léopard d'or au dernier festival de Locarno, L'été de Giacomo, premier long métrage d'Alessandro Comodin, signe la découverte d'un jeune documentariste italien, formé au cinéma à Bologne, Paris et Bruxelles.

Né dans le Frioul voilà tout juste trente ans, il a connu sa première expérience de réalisation au lycée, en posant sur un poème de Pasolini écrit en frioulan, des images de sa petite sœur et du fleuve Tagliamento – « l'une des seuls beaux endroits de [sa] région », où se déroule d'ailleurs L'été de Giacomo. Sans autre film à son actif que Jagdfieber (La fièvre de la chasse), court métrage de fin d'études qui s'attachait aux pas de deux chasseurs du Lot, Alessandro Comodin a décidé d'accompagner avec une caméra le petit frère de son meilleur ami, un jeune sourd décidé à résoudre son handicap par une intervention chirurgicale. « Comme lui qui vivait enfermé chez lui, enchaîné à Facebook, protégé par sa mère, je me suis toujours senti coupé du monde dans ce Frioul que je déteste, explique Alessandro Comodin. Handicapé dans mes rapports avec les autres, qui préfèrent jouer aux cartes, aller en discothèques et se bourrer la gueule, plutôt qu'aller au cinéma et lire des bouquins. Je me suis identifié à Giacomo, et j'ai voulu raconter sa métamorphose.»

Marcher dans la boue
La surdité de Giacomo, son opération et ses séances d'orthophonie sont finalement absentes du film, tourné sur deux années mais dont le montage final se concentre sur deux semaines de l'été qui suivit son intervention. On l'y voit notamment se rendre à la rivière pour s'y baigner avec Stefania, « petite sœur » d'Alessandro Comodin. « Ils se connaissent depuis toujours et j'avais vu qu'il était un peu amoureux d'elle. Suffisamment pour se laisser entraîner en dehors de chez lui. Le principe du film, c'était de le placer dans des situations où il n'avait jamais été, de le mettre en péril dans des lieux qui m'étaient familiers et que je pourrais ainsi redécouvrir à travers lui. De le faire marcher dans la boue, lui qui redoute les maladies. De l'amener à se baigner dans le Tagliamento, pour la première fois. »

<p>Giacomo et Stefania. ©DR</p>

Giacomo et Stefania. ©DR


La grande scène d'ouverture du film, qui suit les deux amis dans une longue marche forestière jusqu'au fleuve, a ainsi bénéficié de la complicité du cinéaste avec sa sœur. « Les sentiers qui mènent au Tagliamento s'inscrivent dans un périmètre très restreint. Il ne fallait pas qu'ils y arrivent en deux minutes. J'ai donc demandé à Stefania d'emprunter des chemins qui nous en éloignait, de nous perdre sciemment et durablement, sans que Giacomo puisse s'en rendre compte. »

Transcendant l'artificialité du clivage fiction/documentaire, L'été de Giacomo brille par son art d'éprouver le temps et de traduire des sensations sans s'encombrer d'expédients narratifs, confiant dans la puissance expressive des moyens propres au cinéma.

SOURCE : http://television.telerama.fr/television/l-ete-de-giacomo-la-venue-...


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