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Nouvelles Hochelaga-MaisonneuvePar Catherine Cantin - 29 avril 2011
Joëlle Fortin et Martin Asselin ont fondé Spectacle Interface afin que les sourds profitent de tous les avantages qu’offrent un spectacle. (Photo appartenant à Nouvelles Hochelaga-Maisonneuve)Spectacle InterfaceAfin de faire découvrir les pièces de théâtre populaires du Québec aux personnes sourdes, Joëlle Fortin et Martin Asselin ont fondé Spectacle Interface il y a deux ans.Cette initiative permet aux sourds de regarder le même spectacle que tout le monde, et ce, avant qu’il ne soit plus d’actualité. Les comédiens et les interprètes peuvent interagir ensemble durant la pièce car ils sont l’un en arrière de l’autre, ce qui ajoute une touche amusante à la pièce.
Dès l’âge de cinq ans, Joëlle Fortin a eu son premier contact avec la surdité. Son voisin du même âge était sourd et c’est donc de cette manière qu’elle a appris ses premiers signes. «C’est une rencontre qui a changé ma perception de la vie. »
Pour sa part, Martin Asselin est fils de parents sourds, ce qui lui a permis d’être rapidement immergé dans la communauté sourde et de devenir interprète.
Avantages égaux La population sourde du Québec est de quelque 7000 personnes, dont 4000 sur l’Ile de Montréal.
Ce que ces spécialistes de la langue des signes déplorent le plus de leur réalité, c’est qu’ils n’aient pas un accès direct au monde culturel.
Joëlle Fortin défend son point de vue : «Les films doublés en langue des signes sortent des mois après la sortie audio de l’original, donc un sourd peut difficilement avoir une conversation sur un événement d’actualité.»
«C’est la même chose lorsqu’il s’agit d’un spectacle. Les sourds ne bénéficient pas des mêmes avantages qu’une personne entendante, car ils doivent se concentrer sur l’interprète qui se place sur les côtés de la scène, et donc ils ne peuvent capter toute l’action qui se passe sur scène», explique-t-elle.
Spectacle Interface a donc été créé dans cette optique : rendre accessibles par l’interprétation et l’adaptation en langue des signes québécoises (LSQ) divers événements culturels, afin de faire vivre aux personnes sourdes des expériences qu’ils n’ont jamais vécues auparavant.
Du travail qui en vaut la peineUn spectacle en langue des signes ne se produit pas en claquant des doigts. Martin Asselin explique le long processus : «On va voir un spectacle qui nous attire et si le spectacle est adaptable, on doit contacter les producteurs pour savoir si ça les intéresse de refaire le spectacle avec des interprètes à leurs côtés. S’ils acceptent, on achète le spectacle et on enclenche des préparatifs de plus de six mois».
Dans une représentation à caractère humoristique par exemple, certains jeux de mots doivent être adaptés à la langue des signes. Les blagues peuvent s’avérer un peu différentes, mais le spectacle est doublé dans son intégralité.
Certes, les spectacles drôles attirent l’attention des sourds. Joëlle Fortin et Martin Asselin veulent toutefois essayer d’élargir ces horizons, en présentant d’autres formes de spectacles : «La communauté sourde a le droit d’avoir accès à la diversité culturelle de Montréal et c’est ce que Spectacle Interface voudrait leur offrir.»
Les représentants de Spectacle Interface ont de grands espoirs pour l’avenir. Une apparition à Juste pour rire, une reproduction d’un spectacle de la Saint-Jean sur grand écran, voilà des projets à lesquels rêvent Joëlle et Martin pour un futur rapproché.
Une cause qui gagne à être connueLe samedi 16 avril était présenté le 100e spectacle de Ça se joue à deux, avec les acteurs connus Guylaine Tremblay et Denis Bouchard, doublé par Spectacle Interface. «La salle ayant une capacité de 400 personnes était pleine et on a dû refuser des gens», soutient Joëlle Fortin, une touche de fierté dans la voix.
Malgré le faible intérêt des personnes entendantes pour le théâtre adapté aux sourds, dans la communauté sourde, les spectacles actuels doublés en langue des signes sont de plus en plus populaires.
«Dès nos débuts, on accueillait une centaine de personnes pour chaque spectacle. Mais plus le concept se fait connaître, plus les sourds apprécient de venir regarder LE spectacle populaire à Montréal.»
Source: Nouvelles Hochelaga-Maisonneuve
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