I.L.
Mis en ligne le 10/09/2012
Audrey Zians est étudiante en 2e master de Droit à l’ULg, un cursus qu’elle a entamé après avoir obtenu un diplôme de traductrice dans une haute école bruxelloise. Sourde de naissance, la jeune femme entend les sons à partir de 115 décibels. Elle porte des implants cochléaires qui lui permettent de baisser ce seuil à 30 décibels, ce qui ne suffit pas forcément à bien distinguer les sons, surtout quand il y a beaucoup de bruit autour d’elle. Elle parle et elle lit sur les lèvres. Son handicap sensoriel est certes invalidant dans son parcours universitaire mais elle s’accroche et réussit brillamment ses études. Elle est aidée par Ash et raconte de quoi est fait son quotidien sur les bancs de la fac de Droit.
"Parfois, j’arrive à suivre les cours en lisant sur les lèvres du prof mais pas toujours et pas en permanence. Cela demande énormément de concentration et, toute façon, il m’est impossible d’à la fois regarder le prof et de prendre des notes. Grâce à Ash, je bénéficie des notes prises par d’autres étudiants et de la présence d’un interprète en langues des signes, mais pour seulement deux cours par semaine. En haute école, un interprète fourni par une association des sourds m’assistait dans tous les cours. Ici, comme ce n’est pas le cas, je n’assiste qu’à trois cours par semaine au maximum. Je m’assieds dans les premiers rangs et je ne prends pas note. Certains profs qui ne savent pas que je suis sourde croient que je suis une "touriste". Ash est là pour leur expliquer ma situation." "Nous ne pouvons malheureusement pas faire plus en matière d’assistance à la traduction car il y a une pénurie catastrophique d’interprètes en langue des signes qualifiés pour traduire un cours pointu. Pas simple de trouver quelqu’un qui maîtrise le jargon du Droit par exemple. Et en plus, le vocabulaire des signes n’est pas assez précis", constate Florence Elleboudt.
Audrey Zians souligne qu’elle ne rencontre jamais de problèmes avec les autres étudiants. "On me propose de l’aide spontanément" , dit-elle. Avec les professeurs, cela se passe globalement bien, même si quelques incompréhensions subsistent. "Parce qu’ils voient que je suis capable de lire sur les lèvres, certains croient que je peux suivre les cours sans problème. Mais il y en a qui parlent vite ou en écrivant au tableau." Cette étudiante, qui souhaite devenir juriste linguiste à l’Union européenne, qualifie d’ "indispensable" le service d’accompagnement de l’ULg. "Sans lui, les choses auraient été bien plus compliquées pour moi. Je ne suis pas une étudiante comme les autres. Je préférerais être en mesure de faire les choses normalement mais ce n’est pas le cas. On doit se battre pour tout mais ça nous rend plus volontaire" , confie-t-elle avec le sourire.
SOURCE : http://www.lalibre.be/debats/opinions/article/759647/audrey-une-jeu...
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